Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/302

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— Cela n’a vraiment pas le sens commun, répliqua le capitaine, avec une certaine colère contre cette susceptibilité puérile et redoutable qui était une maladie chez Louis.

Le capitaine ne disait pas combien il était inquiet des dispositions de Guillaume, mais il courut chez l’aubergiste pour qu’on tînt la voiture prête. On devait partir de Mangues à onze heures du soir et rejoindre à deux heures du matin le relai où la diligence passait à trois heures.

Ensuite le capitaine alla chez le maire qu’il trouva dans une humeur terrible suscitée par l’affaire de l’église.

— Monsieur le maire, dit-il, je crois devoir vous prévenir qu’il serait bon de faire surveiller le beau Guillaume. C’est un homme dangereux. Tout le monde a entendu ses menaces. Cela tournera mal !

— Ah çà, reprit le maire, vous connaissez donc ce petit monsieur qui est venu faire tout ce trouble dans ma commune ? C’est très-ennuyeux. Cela pourrait aller aux oreilles du préfet. Je vais renvoyer cette fille qui a causé tout le tapage. J’en ai conféré avec M. le curé avant vêpres ! Ils se sont battus sur la route, à ce qu’il m’a dit. On ne m’a pas nommé maire pour n’être occupé que des sottises de ce monsieur. Je le ferai partir aussi. J’ai appris qui est son père et je vais écrire à celui-ci pour qu’il vienne le chercher. On n’a jamais rien vu de pareil.

— Mais ils partent ce soir ! dit le capitaine, et comme il n’est pas absolument sûr que la voiture qui doit les emmener soit disponible aujourd’hui, on peut surveiller le braconnier et l’empêcher de faire quelque mauvais coup qu’il tentera certainement.

— Eh ! s’écria le maire, faut-il mettre une brigade de