aussi demandait châtiment. Le petit taillis d’où l’embuscade était si bonne l’attirait et le sollicitait. Il voyait encore Louis et Lévise dans leur chambre livrés pleinement à son fusil. Il lui semblait qu’après leur mort ils se diraient que c’était lui qui les avait tués et que leur « âme » conserverait une éternelle épouvante de lui. Il se voyait traversant glorieusement les rues de Mangues, et tous les paysans diraient sur son passage : Voilà celui qui en a fait plus que nous !
Il imposa violemment silence à Volusien qui montrait des inquiétudes, des doutes, et répétait toujours que Louis était armé chez lui, et que ni le maire ni le curé ne paraissaient favorables à Guillaume.
— Eh ! dit le beau Guillaume, c’est parce qu’ils ne veulent pas faire eux-mêmes ce que je ferai. Tout le monde m’attend !
— Qu’est-ce que vient faire le garde-champêtre ? demanda Volusien.
— C’est pour l’apparence ! reprit Guillaume ; d’ailleurs si le maire et le curé ne sont pas pour nous, ce n’est pas une raison pour que je m’arrête. Ce n’est pas pour eux que je vais, c’est pour nous tous, comprends-tu, nous tous, les petits !
Alors Volusien répliqua qu’en tout cas ce même soir Louis devait se tenir sur ses gardes.
Guillaume répondit : Je les guetterai quinze nuits de suite, s’il le faut.
Néanmoins ce que Volusien avait dit de l’opposition probable du maire et du curé fit que Guillaume se décida à arrêter le plan des précautions à prendre après le meurtre.
Il fut convenu qu’on établirait une espèce d’alibi, qu’on laisserait tous les soirs une lumière dans la maison de