connier retrouva la conviction et la satisfaction d’une vengeance légitime, d’un service rendu aux paysans. Il se prépara donc non à se justifier, à demander grâce comme Volusien, mais à expliquer et démontrer la nécessité de son œuvre. Sa mise en jugement l’inquiétait et l’irritait autant qu’une injustice. Il se persuadait que tous les habitants de Mangues prendraient son parti et que le curé reconnaîtrait avoir commencé l’attaque contre Louis.
Le jour de la comparution aux assises arriva. Le département était très-remué. Il y avait deux classes en présence, les paysans et les gens riches. L’habileté et la fermeté des magistrats eurent grand’peine à empêcher que la cause ne prît les proportions d’une querelle sociale, du moins dans les esprits. La salle d’audience fut remplie d’une foule appartenant aux deux groupes de la société qui se croyaient intéressés à la condamnation ou à l’acquittement des braconniers.
L’acte d’accusation ne laissa pas de doute qu’il y aurait une condamnation. Un des chefs de la prévention portait sur le crime de rébellion armée à la force publique.
Louis et sa famille s’étaient désistés de toutes prétentions comme partie civile.
Le procès fut moins long qu’on ne s’y attendait et n’occupa qu’une seule audience, témoins et accusés convenant tous des mêmes faits. Bagot, le capitaine, Louis, le cabaretier Houdin et les gendarmes étaient les principaux témoins à charge. À décharge venaient principalement Euronique, Cardonchas, le curé, le maire. Pendant la lecture de l’acte d’accusation, Volusien parut anéanti, Guillaume eut quelques velléités de protester. Son avocat le retint.
Quand on interrogea Volusien, il répondit qu’il avait