Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/338

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— Vous n’aviez point les mêmes motifs pour vouloir et poursuivre l’accomplissement du meurtre que Hillegrin, qui pouvait alléguer la séduction de sa sœur !

— C’était ma promise ! dit Guillaume.

— Il est avéré cependant que la jeune fille avait toujours montré un grand éloignement envers vous et qu’elle ne vous avait fait aucune promesse.

— C’est Volusien qui me l’avait promise.

— Oui, mais elle était majeure, son frère ne pouvait disposer d’elle.

Guillaume resta muet un instant, parut très-agité, et enfin cria presque : Je l’avais eue pour maîtresse !

Aussitôt, et cela causa une grande rumeur dans l’auditoire, Volusien se dressa et, le menaçant de la main, lui dit avec une extrême fureur : Tu mens ! tu mens !

On imposa silence à Volusien.

— Cette dernière allégation, dit-on à Guillaume, ne figure point dans votre interrogatoire à l’instruction.

Le braconnier baissa la tête, regarda en dessous, secoua de ses deux mains la barre qui le séparait du prétoire, haussa les épaules et répondit comme un homme qui ne conçoit pas que la justice de sa cause, la nécessité de ses actions ne soient pas évidentes à tous les yeux : Si j’ai tiré, c’est que tout le monde le demandait, je l’ai fait pour tout le monde !

Et il ajouta avec une chaleur sauvage : On est venu nous prendre une fille qui était à nous autres, les paysans, on nous a nargués, on nous a traités comme si nous n’étions pas des hommes : celui-là, il montrait Volusien peut le dire, on l’a jeté à la porte, on a voulu lui casser la tête avec un pistolet, on nous a tous insultés à l’église, et le curé a dit qu’il fallait en finir. S’il y a une justice, j’ai eu raison.