Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/83

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Oh ! les gens de la campagne serviront toujours d’amusement aux messieurs de la ville !

Un grand éclat de rire, que Louis ne chercha pas à comprimer, acheva de la déconcerter.

— Vous avez tort de vous fâcher, mademoiselle, ajouta-t-il d’un air sérieux, la chose ne mérite d’être prise qu’en riant, et la comédie s’est jouée, après tout, à mes dépens.

Lévise secoua la tête.

— Vous êtes bien méchante, dit-il.

La physionomie de la jeune fille reprit tout à coup sa douceur, et Lévise dit à Louis ces mots, qui pénétrèrent très-avant dans son cœur et qu’il trouva admirables :

— Eh bien ! si vous voulez lire encore, vous verrez que je ne dormirai plus.

Louis sentit que le sourire qui « s’alluma » sur ses lèvres, devait avoir un éclat, un rayonnement particulier. Ce sourire révélateur, Lévise le refléta tout pareil. Il leur sembla à tous deux qu’il venait de tomber une espèce de barrière légère, de voile de gaze qui s’élevait entre eux et, bien que transparent, les empêchait de se voir tels qu’ils étaient.

— Ah ! s’écria joyeusement Louis, je ne serai pas moins généreux : je ne vous lirai plus que des choses excessivement amusantes.

Dans de tels enfantillages, la tendresse se montre plus subtile, plus ingénieuse que dans les solennelles déclarations. Elle met un masque et joue une petite intrigue pour se faire deviner. Louis se délectait de toutes ses manœuvres où, au lieu de dire en une seule et grosse fois : J’aime, on le disait de milles manières différentes avec la ressource de pouvoir s’en défendre si on voulait.

Le jeune homme ne se risqua point à recommencer