sident échangeaient des sourires signifiant : « Cela va bien, ils se parlent. Henriette a l’air gai et en train. »
« Est-ce que ce que je vous ai dit vous a déplu, Mademoiselle ? demanda Mathéus.
— Non, Monsieur, » répondit Henriette, devenant un peu triste, parce que l’idée d’Émile venait d’entrer dans son esprit, à la suite des paroles du vieillard.
Celui-ci la regarda d’un air triste lui-même, ne sachant pas la cause de sa mélancolie, et ils ne parlèrent plus.
Madame Gérard s’en aperçut et fit une grimace de contrariété.
« Henriette, dit-elle, M. de Neuville vient de découvrir un Jouvenet chez un aubergiste des environs.
— Un vrai ? demanda Henriette.
— Oui, dit le président, signé, bien conservé.
— Aimez-vous Jouvenet ? demanda madame Gérard à madame Baudouin.
— C’est un peintre, n’est-ce pas ? dit celle-ci, peu au courant de la peinture.
— Oui, un grand peintre du temps de Louis XIV, reprit Mathéus, voulant paraître instruit devant Henriette.
— Ma fille ne l’aime pas beaucoup, je crois, dit madame Gérard.
— Non, c’est un homme qui met trop en scène, un exagérateur. Il est faux, maniéré, grossier. Du reste, il y a si peu de peintres !
— Ah ! dit madame Baudouin, je croyais qu’il y en avait beaucoup.
— De vrais ? oh ! non !
— Mais tenez, dit madame Gérard, Henriette fait des portraits très remarquables. Elle a de très jolies choses dans sa chambre, je vais les envoyer chercher.
— Bon ! dit Henriette, tomber de Jouvenet en mademoiselle Gérard, la chute est belle. »
Les peintures arrivèrent et passèrent à la ronde. Pour peu de chose, je crois qu’on aurait montré les chevilles d’Henriette à Mathéus.