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CHAPITRE XII


parodies


La comédie a des faces aiguës autant que des faces rondes, et elle déchire avec des pointes qui agissent comme des scalpels pour démontrer les maladies grotesques.

Depuis longtemps madame Gérard n’avait eu à manier une affaire aussi intéressante que ce mariage. Elle pouvait loger dans sa tête plus de préoccupations qu’un ministre. Son cerveau avait des casiers, des cartons pour chaque objet, comme une salle d’archives.

M. de Neuville s’attristait, sans bien même s’en rendre compte, des tristesses d’Henriette. Le président tournait à un peu de mélancolie, et commençait à trouver plus de charmes au commerce des muses qu’à celui des hommes.

Malgré les secousses électriques des grandes scènes d’intérieur, les soirées devenaient languissantes aux Tournelles. La maussaderie se pétrifiait sur tous les visages. Le tonton Baudouin tournoyait vainement au milieu de la famille en désarroi pour rattacher les anneaux qui se détachaient.

On ne voulait cependant pas laisser un instant de relâche à Henriette.

Aristide, ayant appris par la femme de chambre qu’Henriette comparaissait devant son père et sa mère, était allé écouter à la porte ; mais il n’entendit que des lambeaux de phrases ; assez, cependant, pour être réjoui lorsqu’on parlait durement à sa sœur, ou irrité quand elle répliquait sèchement.