Page:Duranty - Le Malheur d’Henriette Gérard.djvu/366

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ble ». Elle lui tendit la main et éclata de nouveau en sanglots à ce mot de pleurer.

Le secrétaire salua, tout attendri.

Madame Germain, après son départ, s’habilla pour aller chez une dame qu’elle connaissait assez, sans être cependant son amie intime, afin de demander à son mari de vouloir bien s’occuper des funérailles.

En fermant la porte de sa maison, elle frémit de tout son corps, pensant que sa demeure était vide désormais de ce qui en faisait la joie !

Le maxi de cette dame se mit à sa disposition avec beaucoup d’empressement. Tous deux passèrent la nuit auprès d’elle pour veiller le corps, qui fut apporté à huit heures et qu’elle attendait avec une impatience déchirante. On ne voulut pas laisser voir à madame Germain le visage de son fils. Elle passa la nuit à pleurer sans dormir.

Aucune cérémonie religieuse n’eut lieu pour le suicidé, qu’on enterra sans prêtres et sans bénédiction, dès le lendemain, suivi d’une vingtaine d’hommes.

Cette mort eut un grand retentissement à la ville. Madame Germain, pleine de douleur et de haine, racontait tout ce qui s’était passé aux Tournelles, et en général il en résulta en peu de jours une grande malveillance contre les Gérard, surtout parmi les marchands, les employés, la société bourgeoise.

Émile soutenait sa mère, qui n’avait que quatre cents francs de rente ; sa mort la laissait dans une triste position, autre amertume !

Il y eut des gens assez dénués de tout sens moral pour conseiller à madame Germain de demander une pension à la famille Gérard.

« Je suis vieille depuis trois jours, dit-elle, je n’ai pas de besoins ; ce que j’ai me suffira jusqu’à ce que mon tour vienne ! »

Elle ne voulut plus voir ceux qui lui avaient parlé ainsi.

Le 19, à peu près à l’heure où l’on enterrait Émile, on fai-