Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/216

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Françoise retourna sa lettre sur-le-champ. Il affecta de ne pas y paraître prendre garde. Mais elle en eut un sourire presque imperceptible qui ne put être agréable à Joachim.

— Votre notaire vient de partir, dit il. Il aura tout terminé après-demain.

— C’est un homme très habile et très honnête, appuya Françoise.

Il y eut un moment de silence. Puis Joachim s’avança, prit les deux mains de sa femme et les serra de telle façon qu’elle ne sut si c’était amicalement ou avec hostilité.

— Maintenant, dit-il, les yeux près des siens, dites-moi franchement dans quel but vous faites une action si extraordinaire. Car vous vous dépouillez pour moi ! Et si c’est noble, c’est bien peu entendu. Voyons, dites-le-moi ! Je vous l’avoue sincèrement, je ne m’y attendais pas de votre part.

Elle chercha à lire dans son regard. Qu’y avait-il sous le ton singulier qu’il prenait ? Une raillerie et une menace ou bien une plainte et un doute.

L’un ou l’autre, peu importait à Françoise.

En les voyant si près, les mains dans les mains, les yeux ainsi attachés, qui aurait pu croire qu’un irréparable éloignement était consommé ?

Françoise fit un léger effort pour retirer ses mains. Joachim les laissa aller.

— Dans quel but ? répéta-t-elle. Afin que personne ne puisse me reprocher d’être la femme d’un homme sans probité et sans scrupules d’aucune sorte.