Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/217

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— Ah ! s’écria Joachim en frappant du pied, vous êtes tous les mêmes. Mais je suis une malheureuse victime, trompée, dépouillée à cause de son innocence !

— Heureusement vous êtes ruiné, car je croyais que vous aviez fait pis qu’il n’y a !

Joachim demeura absolument stupéfait. On le prenait donc pour un scélérat.

— C’est tout à fait fou ! dit-il.

— Vous étiez associé avec un coquin. On pouvait vous soupçonner de participer à toutes ses coquineries. Mais il est assez honteux déjà que vous ayez choisi pour ami un pareil homme et que vous ayez consenti à vous servir des moyens équivoques par lesquels il prétendait vous faire gagner de l’argent…

M. du Quesnoy jeta une sorte de grand soupir, leva les yeux au plafond, comme s’il renonçait à toute discussion ou justification. Puis tout à coup il revint vers sa femme, et, d’un ton doux, plaintif, presque humble et suppliant

— Françoise ! dit-il.

Mme du Quesnoy en fut frappée, car elle ne pouvait douter d’une certaine sincérité cette fois.

Elle regarda Joachim avec une sorte de pitié.

— Françoise, reprit-il, ou vous avez accueilli bien des calomnies contre moi, ou vous avez une cruelle prévention. Suis-je donc un coupable ? Vous m’étonnez… En vérité, je le sentirais. Je crois avoir une conscience. Elle m’avertirait. Quelle est ma faute ? Vous n’êtes pas la seule à me faire des reproches, en effet.