Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/289

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Joachim qui se releva, et cherchant des yeux de quoi le tuer, distingua les livrées. Ivre et étourdi de fureur, il lui fallut un instant pour se rendre compte de l’endroit où il se trouvait et de ce que c’étaient que ces figures. Alors il bondit vers les deux valets en les poussant par les épaules vers le milieu du salon…

— Chassez donc l’amant de cette femme, râla-t-il haletant, jetez-le donc dehors !…

Ranimée par cet excès d’outrage, Françoise se tenait calme, hautaine, les lèvres pleines de mépris.

Allart, de son côté, était redevenu maître de lui :

— Vous êtes infâme, dit-il d’une voix un peu entrecoupée à Joachim, et vous donnez du dégoût même à ces deux hommes. Ne faites pas la bête féroce. Tâchez de vous rappeler qu’il y a d’autres moyens d’en finir, et gardez une lueur de raisonnement pour recevoir mes témoins demain matin.

— Demain ! jeta Joachim, dont la voix craquait, ce soir, à l’instant, tes témoins ! les miens seront chez toi dans une heure d’ici.

— Pas avant minuit, dit durement Allart, il me faut le temps d’aller chercher mes amis.

Il fit signe impérativement aux deux domestiques immobiles, la bouche béante, de partir devant lui, et il se retira à grands pas.

Joachim le suivit des yeux avec l’envie de lui lancer quelque lourde masse pour l’écraser. Aussitôt qu’Allart eut disparu, M. du Quesnoy revint vers sa femme. Il avait les cheveux emmêlés et tombant en désordre jusqu’aux sourcils ; son gilet, sa chemise arrachés, pen-