Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/290

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daient par lambeaux sur sa poitrine ; sa respiration sifflait, et de dessous ses sourcils raidis s’élançaient des regards d’une inexorable méchanceté.

– Va-t-il me tuer ? se demanda Françoise, reculant malgré son énergie.

— Et toi ! vomit-il avec une ignoble injure, et il la souffleta de tout son bras. La souffrance fit jaillir les larmes des yeux de Françoise qui chancela.

Elle crut un moment, au milieu du désordre de son cœur, qu’elle allait s’évanouir et mourir. En une seconde elle eut mille pensées désespérées. Elle eût préféré un coup de poignard. Jamais elle n’avait imaginé cet outrage. Son âme aux abois était comme un oiseau éperdu qui vole de tous côtés à grands battements d’ailes. Allart ! où était Allart ? Au secours ! Philippe, criait-elle mentalement. Il la laissait devant ce bourreau stupide et forcené ! Non, cela était impossible. Non, elle ne resterait pas tremblante et atterrée devant celui-ci, et puisqu’elle était seule, seule elle résisterait jusqu’à la fin, jusqu’à la mort ! Elle reprit toute sa force et regarda Joachim avec un sourire contracté, douloureux mais superbe.

M. du Quesnoy la ressaisit par le bras où ses doigts s’imprimèrent. Il l’entraîna dans sa chambre à coucher, la rejeta de côté avec violence, et se précipitant sur le meuble à écrire le fit tomber d’un revers de son poing et le brisa à grands coups de talon. Françoise resta debout, la main appuyée à la cheminée, l’œil chargé du même défi méprisant qui exaspéra encore plus M. du Quesnoy, car tandis qu’il brisait sauvagement