Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/298

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pressé, et un sec et rapide foulement de pas. Allart et Joachim étaient trop avides de se tuer pour penser à la mort et au danger. Les témoins, la face blanche comme du linge, les traits et le corps resserrés comme si les coups leur étaient destinés, le cœur battant, l’œil rivé à ces deux lignes brillantes qui tournoyaient l’une autour de l’autre, n’attendirent pas longtemps. Ils virent deux mouvements plus larges tout à coup, et se succédant comme s’ils venaient d’un ressort. Allart tomba en ouvrant les bras, et de gros sillons de sang parurent bientôt sur sa chemise.

À huit heures un quart, Françoise entendit du bruit dans l’appartement, et elle reconnut aussitôt la marche rapide de Joachim.

— Ah ! gémit-elle en s’appuyant contre le mur. Son cœur se tordait à éclater. Quel cri de révolte s’élevait en elle contre cette épouvantable injustice. Et aussi ne pas laisser voir à cet homme qu’il lui déchirait le sein, ne pas lui accorder cette autre victoire !

Elle se mit alors en face de la porte qui allait s’ouvrir. La porte s’ouvrit et Joachim parut, la joie sur la figure, une joie bestiale et odieuse, trouva-t-elle.

— Votre amant a eu ce qu’il méritait, ma chère, lui dit-il cruellement.

Elle s’avança avec une véritable impétuosité.

— Laissez-moi passer, dit-elle, violente, terrible, irrésistible.

Il recula devant le mouvement et le regard.

Elle passa et disparut comme un faucon qui s’envole.