Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/308

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— L’air vif du matin m’a donné un terrible appétit, venez donc déjeuner avec moi, dit Joachim.

Le marquis eût préféré rester avec Rose, auprès de qui il se sentait battu par l’intérêt qu’excitait le duel de Joachim, mais celui-ci l’emmena.

Le voyant exalté, M. de Meximiers en profita pour essayer de le rendre ridicule et s’amusa à dire à deux ou trois personnes qu’ils rencontrèrent : Du Quesnoy vient de tuer ou à peu prés l’amant de sa femme, et quant à lui, il se meurt de faim.

À la quatrième fois, Joachim se dégrisa et lui dit : Mon cher, il me semble que nous cornons trop cette affaire.

— Mais non, dit avec bonhomie le marquis, nous montrons un exemple qui devient rare, tous ces gens sont des maris trompés, nous les humilions.

Tout le long du déjeuner, Joachim parla de son énergie ; entraîné, il raconta au marquis comment il les avait joués et endormis.

M. de Meximiers se disait : On l’a toujours prétendu spirituel, et je le berne comme un provincial.

Le soir, Joachim alla faire son whist au cercle, très heureux des regards curieux qu’on lui jetait. Le marquis y vint aussi pour continuer à le ridiculiser. Mais M. du Quesnoy, qui avait retrouvé un peu sa tête, l’arrêta bientôt :

— Mon cher ami, lui dit-il, je ne vois pas quel intérêt ceci peut avoir pour autrui. Ne faites donc plus blanc de mon épée. Ici, nous sommes tous pères de famille, et d’ailleurs, whist n’est pas un vain mot.