Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/335

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cet entretien. Au début, lorsqu’elle mettait quelque élan dans ses paroles ou s’étendait un peu dans sa défense, le juge la coupait toujours par des questions relatives à des choses très éloignées de celles dont elle parlait.

Elle se rappelait surtout, comme une sorte de supplice, le prononcé des formules spéciales que le magistrat adressait de temps à autre au greffier, le grincement de la plume de ce dernier sur le papier, ainsi que le bruit de ses fréquentes prises de tabac.

Enfin on lui avait dit : « Vous pouvez vous retirer, madame. » Elle avait traversé de longs et obscurs corridors, descendu des escaliers étroits pratiqués dans d’énormes pierres grises, et elle s’était retrouvée dans la rue, au grand air, absolument étourdie et sans force. Elle était revenue à pied, très lentement, presque sans penser. Et elle se sentait encore incapable d’avoir une idée.

Charlotte lui donna quelques soins, la fit reposer sur son lit, et, lorsqu’elle la jugea ranimée, lui dit :

— Et moi j’ai une bonne nouvelle à t’annoncer : Ta mère prend ton parti !

Ce fut trop brusque. Françoise s’évanouit à demi. En revenant à elle, elle voulait aller chez sa mère et tomber dans ses bras.

— Non, dit Charlotte, vous n’êtes point encore tout à fait réconciliées. M ais qu’importait. Françoise eut un long accès d’attendrissement. Sa mère était bonne et ne l’abandonnait pas.