Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/77

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— Mettez-vous donc là, dit-elle, en désignant un fauteuil à sa gauche. Françoise occupait l’autre à droite.

Joachim arriva presque aussitôt. Le combat, entre sa violence instinctive et les nécessités de ruser que son esprit souple lui faisait apercevoir, s’était livré en lui pendant son court entretien avec M. Niflart, et s’était terminé ainsi :

— Tout dans une heure, quand je serai seul avec ma femme, se promit-il. Rien maintenant sous les yeux d’autrui.

Il désirait cependant effrayer Françoise en attendant l’heure de s’expliquer, heure qui approchait. Mme d’Archeranges revint encore sur le tapis.

— Vous auriez bien dû faire plus d’efforts pour retenir Mme d’Archeranges, dit-il à sa femme, peut-être sa névralgie se serait-elle passée

Mme Desgraves et Allart pâlirent, croyant à quelque scène cruelle entre les époux.

— Elle a tenu à partir, dit Françoise tranquillement.

Les yeux d’Allart et de Joachim se rencontrèrent.

— Vous ne savez pas conduire une maison, reprit Joachim.

— Vous êtes bien grondeur, interrompit Mme Desgraves.

— Croyez-vous qu’elle soit étrange, dit-il à Mme Desgraves ; une de ses amies lui envoie des fleurs ce matin, elle s’en coiffe et se fagote si bien, qu’on le lui a dit et qu’elle a été obligée de les ôter. Vous devriez bien lui apprendre à avoir du goût… moi, je n’y puis parvenir.