Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/96

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— Je pense que nous avons tout lieu d’être contents, dit Françoise.

— Moi aussi, dit Joachim.

— À la bonne heure, reprit la baronne, occupez-la, occupez-la. Je ne voudrais même pas lui voir assez d’oisiveté encore pour sortir de si bonne heure. Mais oui, il te serait bon de reprendre des maîtres de musique, d’allemand, d’avoir pour ta maison une comptabilité très soignée. Mme de Maintenon recommandait beaucoup l’ordre et l’occupation à sa belle-fille. Moi, je n’ai pas une seconde. Tenez, je vais faire acclimater des lamas dans ma ferme de Brége. Tu devrais t’occuper d’agriculture… Mais c’est peut-être un peu sérieux pour toi. Les jeunes femmes ont la tête si vide. Heureusement, tu as là dans Joachim un bon guide.

Ni l’un ni l’autre ne dirent mot.

— C’est bizarre, continua la baronne, de mon temps les jeunes ménages avaient plus d’effusion. Ah ! le baron et moi, nous avions des entrains, des travaux à deux, des disputes quelquefois.

— Oh ! dit Joachim, ces soirées sont très fatigantes, le lendemain on est engourdi.

— Françoise est toujours engourdie. Elle ne vous dit même pas qu’elle a vu le baron et qu’elle l’a trouvé bien… Attendez, Joachim, laissez-moi finir une lettre encore… Savez-vous le chiffre de l’exportation du Danemark ? Tenez, cherchez donc dans cette statistique. Et toi, tu devrais broder, avoir toujours quelque ouvrage en main. Le baron a besoin d’un coussin. Fais-lui en un pour remplacer le sien.