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LE MARCHAND DE ZAMORA.

humides ; ceux de l’hôte avaient aussi quelques larmes.

Le seigneur Gaspard continua de la sorte :

« À ma douleur je connus toute mon amitié. Après avoir écrit aux deux frères pour leur apprendre leur malheur ; après avoir payé les dettes de Gavino, seul reste de son patrimoine, je me mis à voyager. Mon âme déchirée ne me laissait plus sentir la vie.

« J’entretins d’abord une correspondance active avec les deux frères ; mais insensiblement leurs réponses à mes lettres se firent attendre. N’étant jamais pour longtemps dans la même ville, je ne pouvais indiquer le lieu précis de ma résidence ; ce qui fournissait une excuse à la négligence et non certes à l’oubli des fils de Gavino.

« Mes voyages augmentèrent mes relations ; par elles s’accrut ma richesse. Mes opérations absorbaient les jours et les mois. Enfin, vous le dirai-je ? oui, dussé-je par là révéler un tort, je perdis la trace des deux frères. J’écrivis cependant à Madrid ; je priai l’un de mes correspondants de s’informer si dans l’armée, si dans la médecine on ne connaissait point deux jeunes hommes, l’un du nom de Fabrice, l’autre nommé Pedro. Ces recherches n’eurent aucun résultat. Un jour cependant la gazette me tomba par hasard dans les mains. J’y lus qu’une action éclatante venait d’élever au grade de colonel, malgré sa