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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/19

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ÉDOUARD.

d’Olonne et vous disposer de ma vie. » Peu de jours après, elle me dit : « La place est obtenue, mais mon père ne pourra pas longtemps vous y être utile. — Les bruits qu’on fait courir sur la disgrâce de M. le duc d’A. sont donc vrais ? lui demandai-je. — Ils sont trop vrais, me répondit-elle, et je crois que mon père la partagera. Suivant toute apparence, il sera exilé à Faverange, au fond du Limousin, et je l’y accompagnerai. — Grand Dieu ! m’écriai-je, et c’est en ce moment que vous me croyez capable d’accepter une place pour servir vos ennemis ? Je n’ai qu’une place au monde, c’est à Faverange, et ma seule ambition c’est d’y être souffert. » Je la quittai en disant ces mots, et j’allai, encore tout ému, chez M. le maréchal d’Olonne lui dire tout ce que mon cœur m’inspirait. Il en fut touché. Il me dit qu’en effet le duc d’A. était disgracié, et que, sans avoir partagé ni sa faveur ni sa puissance, il partagerait sa disgrâce. « J’ai dû le soutenir dans une question où son honneur était compromis, dit-il ; je suis tranquille, j’ai fait mon devoir, et la vérité sera connue tôt ou tard. J’accepterai votre dévoûment, mon cher Édouard, comme j’aurais accepté celui de votre père ; je vous laisserai ici pour quelques jours ; vous terminerez des affaires importantes, que sans doute on ne me donnera pas le temps de finir. Restez avec moi, me dit-il, je veux mettre ordre au plus pressé, être prêt et