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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/40

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ÉDOUARD.

que vous reprendrez à la vie, à l’espérance ; dites-moi que vous serez heureux. — Jamais, m’écriai-je avec désespoir. Grand Dieu ! c’est donc quand vous me proposez le comble de la félicité, que je dois me trouver le plus malheureux de tous les hommes ! Moi ! vous épouser ! moi ! vous faire déchoir ! vous rendre l’objet du mépris, changer l’éclat de votre rang contre mon obscurité ! vous faire porter mon nom inconnu ! — Eh ! qu’importe ? dit-elle, j’aime mieux ce nom que tous ceux de l’histoire ; je m’honorerai de le porter, il est le nom de ce que j’aime. Édouard ! ne sacrifiez pas notre bonheur à une fausse délicatesse. — Ah ! ne me parlez pas de bonheur, lui dis-je ; point de bonheur avec la honte ! Moi ! trahir l’honneur ! trahir M. le maréchal d’Olonne ! je ne pourrais seulement soutenir son regard ! Déjà je voudrais me cacher à ses yeux ! de quelle juste indignation ne m’accablerait-il pas ! Le déshonneur ! c’est comme l’impossible ; rien à ce prix. — Eh bien ! Édouard, dit-elle, il faudra donc nous séparer ? — Je demeurai anéanti. — Vous voulez ma mort, lui dis-je, vous avez raison, elle seule peut tout arranger. Oui, je vais partir ; je me ferai soldat, je n’aurai pas besoin pour cela de prouver ma noblesse, j’irai me faire tuer. Ah ! que la mort me sera douce ! je bénirais celui qui me la donnerait en ce moment. » — Je ne regardais pas madame de Ne-