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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/63

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ÉDOUARD.

rendrait pas tout ce que tu te figures que tu me ferais perdre ? Imagine, si tu le peux, le bonheur qui nous attend quand nous serons unis, et regrette, si tu l’oses, les prétendus avantages que tu m’enlèves. Mon père, Édouard, est le seul obstacle ; je méprise tous les autres, et je les trouve indignes de nous. Eh bien, je veux t’avouer que je ne suis pas sans espérance d’obtenir un jour le pardon de mon père. Oui, Édouard, mon père m’aime ; il t’aime aussi : qui ne t’aimerait pas ! Je suis sûr que mon père a regretté mille fois de ne pouvoir faire de toi son fils ; tu lui plais, tu l’entends, tu es le fils de son cœur. Eh ! n’es-tu pas celui de son vieil ami, qui sauva autrefois son honneur et sa fortune ? Eh bien, nous forcerons mon père d’être heureux par nos soins, par notre tendresse ; s’il nous exile de Paris, il nous admettra à Faverange. Là, il osera nous reconnaître pour ses enfants ; là, il sera père dans l’ordre de la nature, et non dans l’ordre des convenances sociales, et la vue de notre amour lui fera oublier tout le reste. Ne crains rien. Ne sens-tu pas que tout nous sera possible quand nous serons une fois l’un à l’autre ? Crois-moi, il n’y a d’impossible que de cesser de nous aimer ou de vivre sans nous le dire. Choisis, Édouard ! ose choisir le bonheur. Ah ! ne le refuse pas ! Crois-tu n’être responsable de ton choix qu’à toi seul ? Hélas ! ne vois-tu pas que notre