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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/81

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ÉDOUARD.

fendre ! Qu’importe ! mon sang coulera pour elle ; et si mes os reposent dans une terre étrangère, mon âme viendra errer autour de celle que j’aimerai toujours. Ange de ma vie ! tu as seule fait battre mon cœur, et mon dernier soupir sera pour toi ! Je rentrai à l’hôtel d’Olonne, comme un homme condamné à mort, mais dont la sentence ne sera exécutée que dans quelque temps. J’étais résigné, et mon désespoir s’était calmé en pensant que mon absence rendrait à madame de Nevers sa réputation et son repos. C’était du moins me dévouer une dernière fois pour elle. Le vieux valet de chambre de madame de Nevers vint dans ma chambre. Il m’apprit qu’elle était restée à la Visitation avec son amie madame de C., et qu’elle n’en reviendrait que le lendemain. Je perdais ainsi ma dernière espérance de la voir encore une fois. Je voulus lui écrire, lui expliquer, en la quittant pour toujours, les motifs de ma conduite, surtout lui peindre les sentiments qui déchiraient mon cœur. Je n’y réussis que trop bien : ma lettre était baignée de mes larmes. À quoi bon augmenter sa douleur, pensais-je, ne lui ai-je pas fait assez de mal ? Et cependant, est-ce mon devoir de me refuser à lui dire une fois, une dernière fois que je l’adore ? J’ai espéré pouvoir le lui dire tous les jours de ma vie ; elle le voulait, elle croyait que c’était possible. J’essayai encore d’écrire, de cacher une partie