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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/84

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ÉDOUARD.

dant créé par eux. Je cherchais des remèdes à la situation de mon malheureux ami, et j’étais forcé de m’avouer avec douleur qu’elle n’en offrait aucun d’efficace. Le lendemain de bonne heure, j’entrai dans la chambre d’Édouard, elle était déserte. J’aperçus sur sa table quelques journaux qui venaient d’arriver de France. Personne ne l’avait vu sortir. Comme je savais qu’on devait attaquer, ce matin même, le camp anglais, l’inquiétude me prit, je me fis donner un cheval, et je courus, encore très-faible, sur les traces de l’armée. En arrivant je trouvai une canonnade violente engagée pour une position dont il paraissait presque impossible de chasser l’ennemi. Je distinguai Édouard au premier rang, et j’arrivai pour le voir tomber couvert de blessures. Je le reçus dans mes bras ; son sang coulait à gros bouillons ; je voulus essayer de l’arrêter, il s’y opposa. « Laissez-moi mourir, me dit-il, et ne me plaignez pas ; la mesure est comblée, la vie m’est odieuse ; j’ai tout perdu. Ah ! dit-il, la mort vient trop tard. » Il expira, sa tête pencha sur moi ; je reçus son dernier soupir. Je revins dans un désespoir dont je ne me croyais plus capable.

Les gazettes contenaient cet article :

« Hier, 26 août, à onze heures du matin, on a célébré, en l’église et paroisse de Saint-Sulpice,