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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/96

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LE MARCHAND DE ZAMORA.

vous annoncent aussi qu’il n’était pas exempt de vanité ; et cette folle de vanité gâte les meilleures choses et trouble les têtes les plus saines.

« La situation de mon voisin devint pénible. Son beau-père mourut. La succession était assez considérable ; mais huit enfants ne purent en faire le partage sans plaider, cela veut dire sans se ruiner.

« Gavino restitua la dot : gêné dans ses ressources, il restreignit ses dépenses. Il fut donc obligé de contrarier parfois Térésa dans ses besoins de luxe, dans ses caprices de coquetterie. Elle se considéra dès lors comme une femme sacrifiée. Le chagrin, cette fièvre de l’âme, ne tarda pas à détruire, à ronger Térésa, naguère si fraîche et si riante. Trois médecins appelés furent tous trois d’avis différents ; aussi le pauvre Gavino, désolé, vint me voir un matin tout vêtu de noir. C’était son habit de noce ; il n’avait eu qu’à placer un long crêpe à son chapeau.

« Malgré sa tendresse pour ses deux fils, mon voisin ne pouvait leur rendre ces soins de tous les instants dont le cœur d’une mère a seul le secret. Il résolut de hâter leur entrée au collége. Il les conduisit lui-même chez des moines qui, séparés du monde, semblaient vouloir néanmoins, en se consacrant à l’enfance, dédommager la société des rigueurs de leur célibat.

« À son retour, Gavino trouva sa maison plus