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5o Pouvoir de l’éducation. Les moyens d’action.

Après avoir déterminé le but de l’éducation, il nous faut chercher à déterminer comment et dans quelle mesure il est possible d’atteindre ce but, c’est-à-dire comment et dans quelle mesure l’éducation peut être efficace.

La question a été, de tout temps, très controversée. Pour Fontenelle, « ni la bonne éducation ne fait le bon caractère, ni la mauvaise ne le détruit ». Au contraire, pour Locke, pour Helvétius, l’éducation est toute-puissante. D’après ce dernier, « tous les hommes naissent égaux et avec des aptitudes égales ; l’éducation seule fait les différences ». La théorie de Jacotot se rapproche de la précédente. — La solution que l’on donne au problème dépend de l’idée qu’on se fait de l’importance et de la nature des prédispositions innées, d’une part, et, de l’autre, de la puissance des moyens d’action dont dispose l’éducateur.

L’éducation ne fait pas l’homme de rien, comme le croyaient Locke et Helvétius ; elle s’applique à des dispositions qu’elle trouve toutes faites. D’un autre côté, on peut concéder d’une manière générale que ces tendances congénitales sont très fortes, très difficiles à détruire ou à transformer radicalement ; car elles dépendent de conditions organiques sur lesquelles l’éducateur a peu de prise. Par conséquent, dans la mesure où elles ont un objet défini, où elles inclinent l’esprit et le caractère à des