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Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/366

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344 LE SUICIDE. les causes iJéterminantes du suicide, reviennent régulièrement chaque année dans les mêmes proportions? Tous les ans, dirait- on (1), il y a à peu près autant de mariages malheureux, de fail- lites, d’ambitions déçues, de misère, etc. Il est donc naturel que, placés en même nombre dans des situations analogues, les individus soient aussi en même nombre pour prendre la réso- lution qui découle de leur situation. Il n’est pas nécessaire d’i- maginer qu’ils cèdent à une force qui les domine; il suffit de supposer que, en face des mêmes circonstances, ils raisonnent en général de la même manière. Mais nous savons que ces événements individuels, s’ils pré- cèdent assez généralement lés suicides, n’en sont pas réellement les causes. Encore une fois, il n’y a pas de malheurs dans la vie qui déterminent nécessairement l’homme à se tuer, s’il n’y est pas enclin d’une autre manière. La régularité avec laquelle peu- vent se reproduire ces diverses circonstances ne saurait donc expliquer celle du suicide. De plus, quelque influence qu’on leur attribue, une telle solution ne ferait, en tout cas, que dé- placer le problème sans le trancher. Car il reste à faire com- prendre pourquoi ces situations désespérées se répètent identi- quement chaque année suivant une loi propre à chaque pays, (louîment se fait-il que, pour une même société, supposée sta- tionnaire, il y ait toujours autant de familles désunies, autant do ruines économiques, etc.? Ce retour régulier des mêmes évé- nements selon des proportions constantes pour un même peuple, mais très diverses d’un peuple à l’autre, serait inexplicable, s’il n’y avait dans chaque société des courants définis qui entraînent les habitants avec une force déterminée aux aventures commer- ciales et industrielles, aux pratiques de toute sorte qui sont de nature à troubler les familles, etc. Or c’est revenir, sous une forme à peine différente, à l’hypothèse même qu’on croyait avoir ooartoe x- , {l^ CVst, «u fond, ropinion expoeée j^r Drobisch, dans son livre cité pins (â^ C«ue argumentation n*e$t pas seulement vraie du saieide^ quoiqu’elle ?^^it^ en ce cas, plus particulièremen: frappante qu’en tout autre. Elle s*ap- I.