Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/430

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iU8 LE SUICIDE. chez certains peuples primitifs. Mais i! n’est pas vraisemblable qu’on puisse attribuer à la même origine les cas de parallélisme que nous avons rencontrés chez les nations civilisées. Ce n’est pas an état d’altruisme exagéré qui peut avoir produit ces sui- cides que nous avons vus parfois, dans les milieux les plus cul- tivés, coexisler en grand nombre avec les meurtres. Car, pour pousser au suicide, il faut que l’altruisme soit exceptionnelle- ment intense, plus intense même que pour pousser à l’homicide. En effet, quelque faible valeur que je prête à l’existence de l’in- dividu en général, celle de l’individu que je suis en aura toujours plus à mes yeux que celle d’autrui. Toutes choses égales, rhomme moyen est plus enclin à respecter la personne bumaine en lui- même qu’en ses semblables; par conséquent, il faut une cause plus énergique pour abolir ce sentiment de respect dans le pre- mier cas que dans le second. Or, aujourd’hui, en dehors de quelques milieux spéciaux et peu nombreux comme l’armée, le goût de l’impersonnalité et du renoncement est trop peu pro- noncé et les sentiments contraires sont trop généraux et trop forts pour rendre à ce point facile l’immolation de soi-même. Il doit donc y avoir une autre forme, plus moderne, du suicide, susceptible également de se combiner avec l’homicide. C’est le suicide anomique. L’anomie, en effet, donne naissance à un état d’exaspération et de lassitude irritée qui peut, selon les circonstances, se tourner contre le sujet lui-même ou contre au- trui; dans le premier cas, il y a suicide, dans le second, homi- cide. Quant aux causes qui déterminent la direction que suivent les forces ainsi surexcitées, elles tiennent vraisemblablement à la constitution morale de l’agent. Selon qu’elle est plus ou moins résistante, elle plie dans un sens ou dans l’autre. Un homme de moralité médiocre tue plutôt qu’il ne se lue. Nous avons même vu que, parfois, ces deux manifestations se produisent l’une à la suite de l’autre et ne sont que deux faces d’un seul et même acte; ce qui démuntreJi|n^U|ytej}erenlé. L’rint irexacerbulioM oli se trouve ^iMiri^^V^^^^^H^POUr soulager, il lui faut deux > ^^ ^^^^^^^^ lUéliaiBe entre le