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sance » de la note autrichienne[1]. Or, à cette date, la Serbie ne l’avait pas encore reçue, et elle ne fut connue des Puissances que le 24. Comment admettre que l’Autriche ait pu taire à l’Allemagne ce qu’elle avait cru devoir confier à la Bavière ?[2].

D’ailleurs, nous avons l’aveu du Gouvernement allemand lui-même. Dans la Préface dont il a fait précéder le Livre Blanc, après avoir exposé la situation dans laquelle se trouvait l’Autriche à la suite de l’attentat de Serajevo, l’écrivain officiel ajoute : « Dans ces circonstances, l’Autriche était obligée de se dire que ni sa dignité ni le souci de son salut ne lui permettaient plus de rester spectatrice inactive de ces menées. Le Gouvernement impérial et royal nous fit connaître sa façon de voir et nous demanda notre avis. Du fond du cœur, nous avons pu dire à notre allié que nous étions d’accord avec lui sur la manière d’envisager la situation et d’assurer que toute action qu’il considérerait comme nécessaire pour mettre un terme au mouvement dirigé en Serbie contre l’existence de la monarchie aurait notre approbation En agissant ainsi, nous avions parfaitement conscience qu’une démarche belliqueuse de l’Autriche-Hongrie contre la Serbie pouvait faire entrer la Russie dans l’arène et, conformément à nos devoirs d’allié, nous entraîner nous-mêmes dans une guerre… Nous avons donc laissé à l’Autriche les mains entièrement libres pour agir contre la Serbie Mais nous n’avons pas pris part à la manière dont cette action a été organisée[3] » C’est avouer que l’Allemagne connaissait, sinon les termes mêmes, du moins l’esprit de l’ultimatum et son contenu général. Il est possible qu’elle ait ignoré les détails de la rédaction. Mais, à supposer que cette ignorance, d’un intérêt d’ailleurs très secondaire, fût réelle, elle n’autorisait pas le Gouvernement

  1. L. J., no 21.
  2. Depuis, le Gouvernement bavarois a cru devoir démentir ce récit ; mais son auteur, M. Allizé, le maintient intégralement. Peut-être le Gouvernement bavarois joue-t-il sur les mots ; il ignorait le texte de la note, mais en connaissait le contenu certainement.
  3. L. B., Préf., p. 4-5.