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amour vainqueur

toute désireuse de demeurer à New York ; il en éprouva une certaine satisfaction de la voir, dans cet état d’âme.

Ma chère Ninie, lui dit Harry, me permettez-vous de vous demander la cause de votre chagrin ? Il est très facile de vous l’expliquer. Je ne puis résister à l’émotion que je ressens, en me voyant sur le point de quitter cette belle ville, que j’ai tant admirée, de quitter l’Hôtel Savoie, dont la délicatesse et le savoir-vivre du personnel et l’amabilité du gérant, nous font désirer de prolonger notre séjour, de quitter un ami, vous, qui avez été si bon pour moi ! Je ne croyais pas vous aimer tant que cela ! Il faut donc croire que je vous aime, puisque mon départ, ma séparation d’avec vous me cause tant de peine ! Harry s’avança, dans un moment de transports joyeux, vers Ninie, la pressa sur son cœur, et sans mot dire, déposa un long baiser sur son front.

Ninie sentit alors qu’elle l’aimait plus que jamais.

Arrivés à la gare quelques minutes, avant le départ du train, tous trois prirent place dans le char « Pullman » et Harry dit à la jeune fille : « Le motif de votre départ, est-il réellement celui que vous prétextez ? ou s’il est plutôt le désir que vous éprouvez de rencontrer un autre ami qui serait mon rival ? Croyez-vous qu’il m’est possible d’espérer encore, sur votre amour ?

Ninie, vous le savez, je vous ai aimée, à la folie ! je vous aime encore beaucoup ! Bien des fois, je me suis levé, dès cinq heures du matin, pour prendre une promenade à cheval, et avoir l’occasion, en passant en face de l’Hôtel Savoie, de vous saluer à votre fenêtre, et cueillir, rival avec le Soleil, les premiers sourires de votre figure rayonnante de joie, du repos de la nuit. Comme je vous ai aimée ! Pour conquérir votre amour, il n’y a pas de sacrifices, que je ne serais pas disposé à faire ! Si votre cœur est engagé : dites-le moi, bien franchement ; quoique bien attristé, je retournerai silencieux, auprès de ma mère, et j’emporterai dans mon cœur, les souvenirs d’une illusion qui, après m’avoir apporté tant de bonheur, m’apportera tant de larmes ! mais les larmes que je verserai, seront sans reproches, à votre égard ; tout ce que je vous demande, c’est de