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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/63

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LES DEUX TESTAMENTS

proximité aux Chutes Montmorency.

Un parterre bien entretenu offrait au regard charmé ses nombreuses plates-bandes, où fleurissaient les pensées rêveuses, la mignonnette délicate et embaumée, les œillets à longues tiges coquettes, les soucis mélancoliques et doux, les geraniums riches et variés, les abeilles de mer aux tiges bleu-foncé, enfin, les fleurs auxquelles sourit le beau soleil canadien.

Mais la plus belle fleur de l’endroit, c’était Marie Louise Bernier, la fille du propriétaire de cette maison.

Elle était en ce moment accoudée à la barrière dans une pose pensive et gracieuse, mais parfaitement naturelle.

D’une grandeur moyenne, sa taille était souple et élancée.

Elle était vêtue, ce soir-là, d’une simple, mais coquette robe de mousseline blanche à petites fleurs bleues qui faisait ressortir la blancheur et la fraîcheur de son teint.

Ses traits étaient régulièrement beaux comme ceux d’une madone, et ses grands yeux d’un bleu céleste, adoucis encore par les longs cils bruns et soyeux qui les voilaient à demi, exprimaient la candeur et la bonté.

Ses longs cheveux, d’un brun chaud à reflets dorés étaient tressés en une longue natte attachée avec un ruban bleu. Une frange soyeuse et légèrement frisée couvrait à demi son front pur et blanc et prêtait à son visage, sans cela trop sérieux, peut-être, une expression piquante de coquetterie qui lui allait à merveille.

Ses mains étaient blanches, fines et potelées, et ses bras dont la blancheur rosée paraissait à travers la mousseline transparente, étaient ronds et bien faits.

La clarté radieuse qui embellissait en ce moment le ciel, la terre, et l’onde lui prêtait aussi un nouveau charme, accentuant les reflets d’or de sa chevelure.

Avec sa robe blanche et légère, elle ressemblait à une fée de l’air ou à un ange du ciel.

Pendant ce temps, l’omnibus de Beauport passait sur la route ramenant dans leur foyer, ceux que leurs affaires ou leurs plaisirs avaient conduits ce jour-là à Québec.

Cette diligence est une invention inhumaine qui semble dater des temps barbares.

Mais c’est surtout le soir, quand elle revient de Québec, bondée de passagers entassés ensembles comme des sardines dans une boîte, et portant encore sur son toit un certain nombre d’individus amateurs