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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/66

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LES DEUX TESTAMENTS

se racontent des histoires qui les font éclater de rire de temps en temps.

Il y a aussi un petit chien, à bord. Il jappe, saute, va fureter sous les bancs, introduit son petit museau pointu dans les quelques paniers placés à sa portée, et se rend généralement désagréable, comme savent le faire les chiens en voyage.

Enfin, pour couronner le tout, il y a une tendre mère et son bébé d’un an, gros marmot à la mine tant soit peu maussade, qui s’amuse à dessiner sur l’épaule de sa mère, des arabesques imaginaires avec un sucre d’orge à moitié sucé qu’il tient en main.

Charmant tableau des joies maternelles !

La diligence continuait toujours sa route, laissant derrière elle des nuages de poussière et s’arrêtant, de temps en temps, pour déposer un passager ou une passagère à domicile.

C’est ainsi qu’elle fit une station devant la maison dont nous avons parlé plus haut, et un homme d une soixantaine d’années, mais encore alerte, en descendit chargé de plusieurs paquets.

— Bonsoir, M. Bernier ! crièrent les passagers et le conducteur ; et l’omnibus reprit son trot habituel tandis que celui qu’on avait appelé M. Bernier se dirigeait vers sa maison.

— Tiens, c’est toi, Marie Louise ! dit-il, joyeusement en apercevant sa fille, qui l’attendait à la barrière. Devines ce que je t’ai apporté de la ville ?

Au lieu de répondre, la jeune fille entoura son père de ses jolis bras et l’embrassa avec beaucoup d’affection, puis elle se mit en devoir de le décharger de son fardeau en disant.

— Dépêchez vous d’entrer, le souper doit être prêt depuis longtemps. Le père et la fille entrèrent dans la maison et se dirigèrent vers la salle à manger où un repas appétissant les attendait.

Mde Bernier était déjà dans cette pièce.

Sa fille courut vivement à elle pour lui montrer les cadeaux que son père avait rapporté de la ville.

La mère sourit de cet empressement, mais elle ne trouvait que quelques paroles banalement aimables pour remercier son époux, quand celui-ci lui présenta un magnifique fichu de dentelle qu’il avait aussi acheté pour elle.

Edmond Bernier s’aperçut-il de ce manque d’enthousiasme ?

Toujours est-il qu’en prenant sa