Page:Duval - Roi des aventuriers, 1916.djvu/74

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conserverait une reconnaissance inaltérable et qu’elle éprouvait pour lui toute l’affection qu’on éprouve pour un cousin, pour un frère, mais elle lui fit délicatement comprendre que cette affection n’était pas de l’amour.

Un éclair de dépit passa dans les yeux du jeune homme. Mais de ce jour son attitude changea. Maud comprit qu’une passion intérieure le rongeait ; or comme l’amour est une passion violente qui emplit tout un cœur, il ne peut, quand il change de pôle, que se transformer en une passion équivalente : la haine. C’est là une loi psychologique.

C’est le phénomène que la jeune fille constata chez son cousin, Après avoir été persuasif, George Brassey devint peu à peu tyrannique et menaçant. Un jour, excité par une réponse indifférente de Maud, il lui cria dans un mouvement de colère :

— Je vous aime et je vous veux : c’est entre nous, une question de vie ou de mort.

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire, que morte ou vivante, vous serez mon épouse…

Maud frémit, moins en comprenant le sens de ces paroles, qu’en remarquant la soudaine intonation de la voix de George Brassey. Cette voix, elle se souvenait l’avoir entendue déjà, dans des circonstances terribles. Elle craignit de comprendre ; cette voix était celle de son bourreau, de l’assassin de son père, de Harry !…

Et alors, brusquement, elle fit une remar-