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PIERROT

n’ayant pas de charge à traîner derrière lui, il comprit qu’il ne pouvait pas voyager très vite ni faire de longues étapes en une fois. Il avait seulement son instinct et une vague mémoire pour le guider, et souvent la route sinueuse le faisait s’égarer, de sorte qu’il couvrit beaucoup de kilomètres inutilement.

Mais il avait cessé de craindre les soldats et, osant maintenant voyager pendant le jour, il fit plus de chemin quoiqu’encore avec de grands détours afin d’éviter les gens à l’air suspect. Son bandage grossier se dénoua et Pierrot le déchira avec les dents, sa patte blessée ne le faisait plus souffrir sauf quand il tentait de s’en servir.

C’était une chose laborieuse que de voyager sur trois pattes et avec de maigres rations. Parfois il était obligé de se laisser choir d’épuisement dans un endroit à l’abri et d’attendre que ses forces lui reviennent. Parfois, quand les affres de la faim le saisissaient, il