Page:Dyer - Pierrot chien de Belgique, trad Mathot, 1916.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

112
PIERROT

rasée et au regard bizarre ; il avait des mains rouges et lourdes de paysan. Quelque chose en lui attirait petite Lisa, et pendant que mère Marie était occupée avec les autres soldats, l’enfant se glissa inaperçue et alla vers lui.

Personne n’avait encore eu l’occasion d’apprendre à Lisa qu’il était impoli de regarder les gens en face et, avec des yeux francs et curieux, elle fixait en plein la large figure du soldat. Il avait presque l’air d’un grand jouet tel qu’il se tenait là, si rigide avec ses talons réunis et sa ronde face rouge apparaissant brusquement au-dessus de sa tunique grise avec sa rangée de boutons de cuivre luisants. Elle hésitait à rompre le charme qui paraissait avoir transformé cet homme vermeil en une statue de bois, mais le soldat ne put plus endurer longtemps d’être scruté ainsi et, graduellement, sa face se détendit et il sourit. C’était un bon sourire qui donna à Lisa une sensation de contentement. Alors, elle se