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Page:E. Daudet - Le Comte de Paris, 1883.djvu/28

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sentant chez son cousin averti de son arrivée, il lui avait tenu ce langage :

« Je viens vous rendre une visite que je souhaitais vous faire depuis longtemps. Je viens, en mon nom et au nom de tous les membres de ma famille, vous présenter nos respectueux hommages, non seulement comme au chef de notre maison, mais encore comme au seul représentant du principe monarchique en France. Je souhaite qu’un jour vienne où la nation française comprenne que son salut est dans ce principe. Si jamais elle exprime la volonté de recourir à la monarchie, nulle compétition au trône ne s’élèvera dans notre famille. »

Et le comte de Chambord, ému jusqu’aux larmes, avait embrassé le comte de Paris dont l’initiative venait, en dépit d’obstacles qu’il n’y a pas lieu de rappeler ici, de couper court, en quelques minutes, à un dissentiment qui durait depuis près d’un demi-siècle et qui était considéré comme le principal empêchement au rétablissement de la monarchie. La monarchie ne se fit pas. Mais, du moins, la branche cadette était à jamais défendue contre le reproche de l’avoir empêchée.