Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux brochures dont le titre indique bien les préoccupations auxquelles elles répondaient, et qui étaient celles de tous les libéraux : La souveraineté pontificale et la liberté, La liberté divine et la liberté humaine. Dans ces divers travaux, également remarquables par la vigueur de l’argumentation, par l’étendue des recherches, par la nouveauté des aperçus, la langue a la belle allure des écrits du commencement de ce siècle. On devine à quelle forte école l’auteur a puisé la science du style ; on peut déjà saluer en lui l’orateur dont les discours prononcés depuis ont pu être considérés comme des morceaux de haute littérature et l’incomparable écrivain auquel le trésor des lettres françaises a dû plus tard de s’enrichir de deux chefs-d’œuvre : Le secret du roi et Marie-Thérèse et Frédéric II.

À cette époque, dans toutes les fractions de l’opposition, le prince de Broglie ne comptait que des admirateurs ardents à l’applaudir. Depuis, la politique a refroidi l’enthousiasme de quelques-uns d’entre eux. Dans l’homme éminent dont ils célébraient à l’envi le mérite, ils n’ont plus vu que l’adversaire de leurs opinions, tour à tour ministre au 24 mai et au 16