Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/21

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mai. Mais les incidents qui ont éteint sur leurs lèvres les paroles élogieuses dont ils se montraient prodigues dans le passé ne sauraient altérer la sincérité des jugements qu’ils formulaient alors et qui n’ont pas peu contribué à créer au prince de Broglie la grande situation que, vers la fin de l’empire, il occupait dans le parti libéral.

La fin de l’empire ! avons-nous dit. Le duc de Broglie — la mort de son père avait fait passer sur sa tête le titre ducal qui appartient aux aînés de sa maison — avait appelé de ses vœux la chute du gouvernement personnel. Mais il aurait préféré en perdre à jamais l’espérance plutôt que d’en devoir la réalisation aux désastres de la patrie et à l’invasion étrangère. La lettre suivante, qui nous a été communiquée, révèle d’une manière saisissante, à ce qu’il nous semble, les angoisses de son cœur durant cette journée du 4 septembre qui vit s’abîmer dans les ruines le pouvoir impérial. À ce titre, nous croyons devoir la reproduire, ainsi qu’un document historique, comme le tableau pris sur le vif du désarroi qui régnait ce jour-là dans Paris et de l’émotion douloureuse d’un témoin. Elle est datée du dimanche 4 sep-