Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/28

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souvent paralysés par l’extrême droite, qui déclarait que vouloir donner au nouveau gouvernement, par le vote de lois constitutionnelles, des chances de durée, c’était « faire faire antichambre au roi ». On devine bien que ce n’est pas là ce que voulait le duc de Broglie. Mais avec sa haute raison politique, éclairé par l’expérience du mois d’octobre 1873, qui venait d’aboutir à l’échec des tentatives royalistes, il avait compris que la France n’était pas suffisamment préparée à la monarchie et qu’il importait, en gagnant du temps, de l’y disposer par un ensemble de lois représentant l’équivalent d’une constitution monarchique, dont la défense confiée au maréchal de Mac-Mahon passerait ensuite sans difficultés aux mains de l’héritier des Bourbons. Ce programme ne fut pas compris par ceux qui avaient le plus d’intérêt à s’y rallier. La crise du 16 mai 1874, qui emporta le ministère de Broglie, naquit de ces divergences. Ce jour-là, le duc de Broglie fut renversé en apparence sur une question de procédure parlementaire, en réalité sur le dissentiment qui régnait entre l’extrême droite et lui. L’extrême droite ne pouvait à elle seule former une majorité, mais elle trouva des