Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/14

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le caractère fâcheux, attentatoire au bon renom de l’autorité judiciaire, à la dignité de l’autorité administrative, à la considération du Sénat.

« Elle peut provoquer, dans une certaine classe d’individus, ajoutait-il, une irritation des plus dangereuses. Je dirai même, ce que je n’oserais faire si nos séances étaient publiques, que je tremble que cette loi ne tarde à porter quelque malfaiteur, excité par la déportation de parents ou d’amis, à quelque tentative aussi horrible que celle que nous avons déplorée dernièrement. Je pense que cette chance d’excitation n’existe pas au même degré lorsque les individus sont soumis au régime des lois définies du pays et non sous le coup d’un tribunal qu’ils considèrent comme arbitraire. Cette impression me semble digne de vos méditations.

« Eh bien ! messieurs, je passerais cependant outre à toutes ces considérations si, comme un grand nombre d’entre vous, je pensais que cette loi pût seule sauver la société ; mais, j’ai la persuasion, au contraire, que l’on peut arriver au même résultat avec des fonctionnaires consciencieux, agissant avec modération mais fermeté, sans arrière-pensée, fidèles à l’empereur, comme ils doivent l’être d’après leurs serments, avec le