Aller au contenu

Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
D’UNE COCODETTE


et rouges comme le sang même, était pétrie de grâce et comme saturée de voluptueuse expression.

Il faut absolument que les femmes qui pourront lire ceci, excusent la trop grande bienveillance de mon père. En sa qualité d’anthropologiste et, quoique je ne représentasse pas, comme femme, le type qu’il préférait, il fut toujours très préoccupé de ma figure. Plus de cent fois il m’a répété que « la nature semblait avoir pris un certain plaisir à mettre deux âmes différentes sur mes traits ; l’une, élevée, entièrement détachée des choses matérielles : celle-là, disait-il, se voyait sur mon front lisse et mollement entouré de mes bandeaux noirs, dans la ligne droite et fine de mon nez, dans mes yeux à la fois tendres et fins[1] — c’est toujours mon père qui parle ; — ma seconde âme, ajoutait-il, un peu sensuelle[2], s’accusait sur mes lèvres dont j’ai déjà parlé, et dans la forme de mon menton qui était un peu large et comme partagé en deux, vers le milieu, par une ligne horizontale[3]. »

La vérité, pour laisser de côté les poétiques

  1. Variante, ligne 16, au lieu de fins ; lire : fiers.
  2. — ligne 18, après sensuelle ; lire : ajoutait-il, c’était bien peu !
  3. Variante, ligne 22, au lieu de horizontale ; lire : horizontalement, par une ligne courbe, formant une ombre légère.
2