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D’UNE COCODETTE


spirituelle, éveillée, un caractère d’étrangeté[1].

Un jour… je vais décrire[2] ici l’une des aventures les plus délicates de mon existence, et il me faut user d’une précaution infinie pour la rendre acceptable, quoiqu’elle soit des plus banales. Un jour donc, j’étais fort occupée à travailler, le corps penché sur mon pupitre, lorsque je remarquai chez ma voisine de droite, la poétique et blonde Aglaé, des mouvements qui me parurent extraordinaires.

  1. Variante, ligne 1, au lieu de d’étrangeté ; lire : d’étrange beauté.
  2. Variante, ligne 2, au lieu de je vais décrire, etc. lire :
     Un jour… s’il y avait des mœurs en France, et si la nation française, dans les questions littéraires au moins, n’avait pas fini par devenir un peu bien hypocrite, j’essayerais de décrire, dans ses plus intimes détails, la scène scandaleusement singulière qui se passa devant mes yeux. Cette description, dans la rigidité de sa franchise, aurait, pour sûr, sa moralité et certainement aussi son utilité ; car presque toutes les femmes qui ont passé leur enfance dans une maison d’éducation quelconque ont assisté à la scène que je sous-entends ; presque toutes, même, y ont joué un rôle ; et aucune d’elles, jusqu’ici, n’en a fait la confession au public, ce qui serait cependant le meilleur moyen pour commencer à remédier au vice qui dévore le sexe féminin dans sa fleur, ce dont nul ne daigne se soucier. N’osant prendre sur moi de faire le récit des choses, de crainte d’être lapidée, je me contenterai de les indiquer. Je n’en serai pas moins comprise.