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LIVRE XI.

d’avance de voir la défaite de Merlin par les sages et son crucifiement.

On choisit pour lutter[IV.] contre lui le plus renommé des savants et des devins ; c’était Blasius, que le temps avait grandi. Sans paraître se souvenir de leur ancienne amitié. Blasius lui demanda où étaient cachés ses instruments de sorcellerie, car on n’avait trouvé dans sa demeure ni baguettes, ni bonnets de nécromant, ni aucune des choses les plus indispensables à son art. Seulement l’enchanteur portait ce jour-là une mitre à trois couronnes.

Merlin se frappa la poitrine :

« Ne cherchez pas ailleurs, répondit-il, c’est là qu’est la magie.

— Merlin, faux enchanteur, dis-nous comment tu apprivoises les lions des îles ?

— Par la justice.

— De quoi nourris-tu les dragons de Kylburn ?

— De lumière.

— Comment éteins-tu les bûchers embrasés ?

— Avec la rosée des hymnes.

— Comment as-tu ébranlé les rochers de Cambrie ?

— En y pensant.

— Que fais-tu pour apaiser une mer en fureur ?

— Je contiens ma colère.

— Pourquoi ta mitre a-t-elle aussi trois couronnes ?

— Parce que je suis le pèlerin des trois vies.

— De quoi vis-tu ?

— De liberté.