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MERLIN L’ENCHANTEUR.

cette jeune fille aux dents de perle ? Quelque bohémienne, sans doute ! Certainement la douleur lui a ôté la raison. Oui, cela crève le cœur, de voir un grand homme qui extravague. Écoutez ! écoutez ! sa manie le reprend. »

MERLIN.

« Entendez-vous, rois et peuples, ce que chantent les oiseaux de leur voix radieuse sur les cimes ondoyantes des forêts ?

« Ils disent : « La montagne ne s’est-elle pas dépouillée de son manteau de frimas ?

« L’aubépine ne s’est-elle pas revêtue de fleurons d’argent ? »

« Et moi je dis après eux : « Je veux espérer contre toute espérance. Je veux croire, contre le ciel et l’enfer réunis. »

« Mon chant prophétique annonce l’avénement du Juste au milieu des trompes retentissantes d’Armorique et de Cambrie.

« Je vois Morgane qui porte dans sa droite la forêt de Calédonie, et dans sa gauche les tours des Gaules.

« Elle ramènera l’équité sur la terre, la paix dans mon cœur. »

LA FOULE.

« Vraiment, il parait enivré du vin de l’avenir. »