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MERLIN L’ENCHANTEUR.

III

Cependant, au cri terrible qu’avait poussé Merlin, les peuples du voisinage s’étaient émus, et ils se hâtaient d’accourir auprès de lui. Il en vint des crêtes âpres de l’Arcadie, des rivages de Coron ombragés de lentisques, des cimes nuageuses de l’Acro-Corinthe, des grottes de Souli, des îles guerrières d’Hydra et de Psara. Il en vint aussi de Parga, de Londari et des pieds nombreux du Taygète. Il en vint du Pinde et de la Roumélie, les uns coiffés de turbans, les autres de calottes rouges, presque tous les épaules couvertes de peaux de mouton.

Dès qu’ils furent rassemblés, Merlin déchira en lambeaux l’outre de cuir ; et, en faisant diverses parts, il les distribua à tous, en souvenir de la vengeance qu’ils avaient à exercer ; puis il leur dit :

« Si vos ancêtres ont combattu dix ans pour Hélène, vous n’hésiterez pas à commencer une guerre plus sanglante pour cette jeune fille (il montra Marina) dont la beauté surpasse infiniment celle de l’épouse de Ménélas. Préparez-vous donc à la lutte. Attendez seulement que je vous donne le signal.

— À quoi reconnaîtrons-nous, seigneur, que le temps est venu, dit le Klephte Yorghi de Parga ?

— Vous le reconnaîtrez aisément à ceci : Quand le temps approchera, je vous enverrai pour messagers