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MERLIN L’ENCHANTEUR.

Tous deux se racontaient, l’un à l’autre, leurs victoires dans la langue frémissante des chênes. Cependant, les oiseaux au bec d’airain volaient sur le sommet. Ils becquetaient la tête des braves tombés dans les ravins de Souli et de Missolonghi.

« Du pied j’ai frappé les tombes des Palæo-Chorios et les morts m’ont dit :

« Nous voici. »

« Ô terre des bardes, comment t’es-tu laissée dépouiller du myrte ? Pourquoi lui as-tu préféré la ronce sauvage ? Je sème ici dans tes vallées, sur tes rivages ; l’herbe d’or qu’aucune tempête ne déracine. J’attache ici par la puissance de mon art, dans le gazon odorant ; dans le bois d’olivier, dans le flot limpide, dans le dur rocher, dans l’antre de l’écho, dans les pieds rapides des hommes, dans les regards des femmes, l’enchantement qu’aucun magicien n’effacera jamais.

« Au mugissement du taureau de Missolonghi, s’ébranleront les rivages de France et de Bretagne. Le vaste royaume d’Arthus s’embrasera d’amour pour le vautour de Souli.

« De la cour de Marc de Cornouailles et de celle d’Arthus, viendront des porte-glaives et des archers au cri de la bataille. Ceux qui boivent l’eau de la Seine étancheront leur soif dans la maremme de Navarin.

« Et les femmes au clair visage dans tout l’empire d’Arthus se pencheront sur les balcons, pour demander des nouvelles de la mer de Messénie.

« Et Harold, le roi des bardes, passera la mer sur un