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MERLIN L’ENCHANTEUR.

ne pouvait encore se soulever qu’à demi de la natte où elle était étendue :

« De même que cette jeune fille a été cousue dans ce sac de cuir, qu’elle a été plongée dans la mer, qu’elle y a séjourné jusqu’à ce que mes mains l’aient arrachée au gouffre de la mort ; de même, cette terre d’Hellénie, aujourd’hui scellée dans l’esclavage, plongée dans l’abime dormant, sortira un jour des eaux profondes.

« Mais alors, n’attelez plus les femmes au joug. Moi-même je ne pourrais vous absoudre. »

Aussitôt les Grecs se retirèrent par cent chemins différents, et chacun obéit aux ordres qu’il avait reçus. Les uns aiguisaient en secret leurs couteaux ; les autres apprêtaient des torches de résine. Ceux-ci renflouaient les petits vaisseaux d’Hydra et les allongeaient en forme d’hirondelles de mer. Ceux-là préféraient la forme des alcyons et des procellarias. Quelques-uns retrouvaient le feu grégeois. Les femmes faisaient de la charpie et murmuraient d’avance les cantilènes de mort.

Tous, depuis que Merlin avait parlé, n’avaient entre eux qu’une pensée et une âme. Déjà l’oreille contre terre, plus d’un écoutait dans les bois d’oliviers si l’enchanteur n’avait pas donné le signal.

IV

Cependant Marina avait été emportée dans la cabane de son vieux père Démitri. L’intérieur était composé de