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LIVRE XV.

deux compartiments séparés par un treillis de roseaux. Quelques filets, une calebasse, c’était là tout l’ameublement. Il y avait pourtant encore dans un coin obscur, un baril à demi rempli d’olives.

Dans l’une des chambres couchait Marina ; l’autre avait été réservée pour Merlin. Mais il était plus souvent dans la première. Et même, il n’en sortait presque pas, si ce n’est pour cueillir dans les bois voisins des fleurs de centaurées et autres fleurs magiques dont il composait un breuvage amer, qui devait rendre à Marina les couleurs rosées de la vie.

Lui-même il voulut la veiller. Dans les heures d’insomnie il était là debout pour lui soutenir la tête qu’il appuyait sur son sein. Se découvrait-elle en dormant, le bras ou seulement la main ? il ramenait sur elle la couverture faite d’un sayon de chèvre. Poussait-elle un gémissement ? il y répondait par un soupir. Rêvait-elle de vampires ? il l’éveillait en sursaut. Vingt fois en une heure, sur la pointe du pied, il s’approchait, faisait encore un pas, puis un autre, penchait l’oreille près du chevet ; et jamais il ne se retirait sans s’être assuré que Marina avait la respiration calme et fraîche d’un enfant.

Aussi bien c’était la tendresse d’un père, d’une mère, d’un frère, d’une sœur, et même quelque chose de plus.

Sitôt qu’elle fut capable de marcher, il voulut lui apprendre ses triades : elle ne put en retenir un seul mot ; les hymnes d’Homère : elle préférait ses vives