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LIVRE XVI.

Il venait de se tourner du côté de la porte quand les étrangers entrèrent.

« Ce sont des pèlerins, dit-il. Allons voir ce qu’ils croient. Et que chacun reçoive ici l’hospitalité de son Dieu. »

Alors, avec une imposante gravité, le prêtre Jean salua de la main les voyageurs.

« Soyez tous ici les bienvenus. Avant que nous ne lavions vos pieds, apprenez-nous quel est votre Dieu ; car il vous plaira sans doute d’être traités en toutes choses ainsi qu’il l’ordonne. »

Le roi répondit le premier :

« Je suis le roi de ce pays, et mon dieu est Brahma.

— C’est bien, mon fils, » dit le prêtre Jean.

Aussitôt une troupe de brahmanes s’approcha de Mustensar et l’emporta dans un palanquin.

« Pour moi, dit Alifantina, mon Dieu est Allah ; Mahomet est mon prophète.

— C’est bien » répondit encore le bon prêtre.

Des derviches s’approchèrent d’Alifantina et le conduisirent en dansant vers la mosquée.

Merlin se taisait ; Jacques ne put attendre qu’on l’interrogeât ; il s’écria l’œil en feu :

« Mon Dieu est Jésus, mon église est à Rome !

— C’est bien, mon fils, » dit pour la troisième fois le prêtre Jean.

Sur-le-champ, une procession de moines sortit de dessous les arcades du préau avec une bannière semblable à celle du village de Jacques. Son cœur tressaillit