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LIVRE XVI.

de la myrrhe, les brahmanes du corail, les musulmans un rosaire.

« J’accepte, dit-il, le corail et le rosaire pour ma sœur Jeanne, et la myrrhe pour la fête des trois rois. »

Au moment où ses hôtes prenaient congé de lui, le prêtre Jean détacha une petite lampe suspendue à la voûte du cloître, et, la présentant à Merlin :

« Vous avez entendu parler de la lampe merveilleuse ?

— Mille fois.

— La voici, Merlin, je vous la donne, puisque vous êtes le roi des enchanteurs. »

Merlin voulut d’abord refuser par modestie. Le bon prêtre l’embrassa et continua :

« Prenez-la, Merlin ! elle est à vous. Elle n’aide pas seulement à trouver les trésors cachés sous la terre, mais bien plutôt les vertus enfouies au fond du cœur des hommes. Allez ! allumez-la ! Éclairez la terre ; partout, dans le moindre réduit, vous trouverez des trésors. »

Merlin reçut la lampe merveilleuse et la remit à Jacques qui ne put se défendre de la porter. Mais, comme il ne doutait pas qu’elle ne vint de l’enfer, il eut soin de ne l’allumer que lorsqu’il ne put faire autrement, c’est-à-dire, sur l’ordre exprès de notre enchanteur, lequel l’oublia lui-même en diverses circonstances, comme on verra plus tard.

Ayant salué leur hôte, nos voyageurs s’éloignèrent, non pas sans s’être retournés plusieurs fois pour voir encore l’abbaye.