Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
LIVRE XIII.

droit que le soleil caressait de son premier rayon. Le papillon ranimé a pris son vol.

Je lui ai dit : « Tu cherches les fleurs, va donc vers Merlin, c’est lui qui les fait éclore. »

Quand tu me répondras enfin, Merlin, ne manque pas de me marquer s’il a tenu sa promesse, lui qui me doit la vie.

En dépit de tout, j’ai le cœur joyeux ; je ne puis rencontrer une biche sans être tentée de bondir comme elle. Je voudrais aussi chanter comme l’alouette ; pourquoi cela ? En vérité, je n’en sais rien. Tu me trouveras légère, fantasque, insensée, n’est-il pas vrai ? Eh bien, non ! je ne veux pas mourir encore ! tu en deviendrais trop orgueilleux.

Au reste, il faut reconnaître que ta gloire m’arrive ici de tous côtés ; les éphémères surtout en font le plus grand bruit. J’ai entendu les moucherons chanter et publier tes louanges jusqu’au milieu de la nuit ténébreuse. J’ai peur que cela ne te donne le vertige et que tu ne me connaisses plus.

Sérieusement, on ne parle à la cour d’Arthus que des pèlerinages de Merlin. Tout le monde, te dis-je, en est rempli. Moi seule ne saurai-je rien de tant de hauts faits ? On les dit cent fois plus merveilleux que ceux d’Ulysse. Raconte-les-moi ces illustres entreprises pour lesquelles tu m’oublies. Je te promets de n’en pas sourire. Puisses-tu me les répéter un jour, assis sous les cerisiers en fleur, dans les ruines du château de Montmort !

De l’endroit où je suis, l’odeur des foins est si forte